Entretien avec le professeur Javier Barraycoa : «Nombre de ses acolytes de l’ERC, que Companys remis aux anarchistes ont été assassinés, à sa demande. Plus tard, il suprima les anarchistes au profit des communistes. Il fut aussi responsable de la persécution religieuse en Catalogne. Par exemple, il fusilla le maire de Lleida pour avoir fait célébrer le jour des Rois»
FM: Javier Barraycoa, pouvez-vous vous présenter ?
Javier Barraycoa: Je suis catalan, né à Barcelone. J’enseigne à l’université d’Abat Oliba et mes domaines de connaissance sont la sociologie et les sciences politiques. Pendant des années, j’ai fait des recherches sur les mythes du nationalisme catalan et sa manipulation de l’histoire pour construire le faux récit de l’indépendance.
FM : Quels étaient les liens entre Lluís Companys et l’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) ?
Javier Barraycoa: La trajectoire politique de Companys fut tumultueuse. Bien qu’il soit issu d’une famille riche avec un titre de noblesse du côté de sa mère, il sympathise avec les républicains de gauche à l’université. Il a étudié le droit. Néanmoins, il lui a fallut dix-huit ans d’étude pour obtenir son diplôme de droit. Il était le représentant d’un syndicat agricole catalan lié aux anarchistes. Companys était membre du parti républicain espagnol et est devenu ministre de la Marine au sein du gouvernement espagnol. La crise politique espagnole de la monarchie a conduit de nombreux groupes catalanistes et de gauche en Catalogne à former le parti Esquerra republicana de Catalunya. Connu sous l’acronyme de ERC. Companys a été l’un de ses premiers dirigeants. Après la chute de la République en Espagne en 1931, Lluís Companys – de plus en plus radicalisé – est passé de républicain à nationaliste proche de la sécession. Après la proclamation de la République et une tentative de proclamation de l’indépendance, l’État espagnol a accordé à Francesc Maciá (président de l’ERC) la présidence de la Generalitat. À sa mort, il est remplacé par Companys qui, en 1934, tente un coup d’État pour l’indépendance contre la République elle-même. Deux ans plus tard, au début de la guerre civile espagnole, Companys se proclame chef de la Catalogne, prenant ses distances avec les autorités républicaines et s’appuyant sur les anarchistes pour rester au pouvoir. Aujourd’hui, beaucoup de gens tentent d’excuser les crimes de Lluís Companys en les minimisant. Ils disent que Companys a simplement fait des erreurs. Que pour la grande majorité des meurtres commis sous sa présidence, les responsables étaient des anarchistes hors de son contrôle. Face aux preuves des meurtres en Catalogne sous Companys, près de 8 500 entre 1936 et 1939, le nationalisme a créé l’histoire que Companys ne pouvait pas contenir les anarchistes. Mais les faits sont tout autres. Après le soulèvement militaire de 1936, Companys ne voulant pas dépendre du gouvernement républicain de Madrid, se s’est appuyé sur les forces anarchistes. Il les a utilisées. Il les a armées et ensuite les régularisées en formant avec elles les comités dits «milices antifascistes» composés alors de militants de l’ERC et d’anarchistes. Ces milices se livraient à des extorsions, des vols, recherchaient des opposants politiques et les tuaient sans procès. À Barcelone, 46 «chekas» ont été créées. La torture et l’assassinat y étaient pratiquées. C’était devenu la norme. Le tout étant connu et autorisé par le gouvernement de la Generalitat. C’est-à-dire par Lluís Companys lui-même. Les miliciens étaient généralement payés par les conseils municipaux. Ils étaient parfaitement organisés. Ils bénéficiaient d’un soutien institutionnel. La thèse selon laquelle ils étaient hors de contrôle de Companys est indéfendable.
FM : Companys était-il vraiment un homme d’État charismatique, un leader ? Quels étaient ses traits de caractère ?
Javier Barraycoa: Companys était très atypique. Pathologiquement hystérique, il ne supportait pas la contrariété. Il donnait alors des coups de pied comme un enfant. Il était toujours négligent avec tout et dilapidait l’argent qu’on lui confiait. Sa propre famille l’a poursuivi en justice pour avoir vendu des terres afin de couvrir ses dépenses courantes. Dans sa résidence à Barcelone, il aimait rencontrer des dirigeants anarchistes pour pratiquer le spiritisme. Il était également connu pour être jaloux maladif. Il a permis aux anarchistes d’assassiner deux des dirigeants les plus charismatiques de l’ERC, les frères Badia, parce que l’un d’eux était amoureux de sa deuxième femme. Comme de nombreux tyrans, il avait un don oratoire incontestable. Il a réussi à susciter l’enthousiasme des Catalanistes. Toutefois, il ne manifestait aucune loyauté. Il a régulièrement fait supprimer ses acolytes. Il a trahi de nombreux catalanistes avec son pacte avec les anarchistes. Nombre de dirigeants de l’ERC qu’il a remis aux anarchistes ont été assassinés, à sa demande. Et lorsque ses arrangements avec les anarchistes n’étaient plus tenables, il a conclu un pacte avec les communistes, en sacrifiant son ancienne garde. Il a fait arrêter beaucoup d’entre eux en pleine guerre civile. Il fut aussi l’un des responsables de la persécution religieuse en Catalogne. Par exemple, il fît fusiller le maire de la commune de Lleida pour avoir fait célébrer le jour des Rois. Companys se vantait d’avoir mis fin au catholicisme en Catalogne. Pourtant, peu avant d’être fusillé à son tour, il demanda à être confessé par un prêtre catholique. On peut douter qu’il ait eu un jour un semblant de conviction personnelle. Il était odieusement narcissique et seul son maintien au pouvoir semblait l’intéresser
FM : Comment pouvons-nous rassembler des preuves et des témoignages sur les crimes commis par Lluís Companys ? Surtout, comment pouvons-nous protéger la mémoire de ses trop nombreuses victimes du déni séparatiste actuel ?
Javier Barraycoa : Heureusement, de nombreuses archives des meurtres ont été conservées. Après la guerre civile, la «Cause générale» a été créée pour recueillir les témoignages sur les meurtres. Les listes de meurtres en Catalogne ont été rassemblées dans un ouvrage clé : «La repressió a la reraguarda de Catalunya (1936-1939)» de Solé et Villarroya. C’est un ouvrage très complet sur presque tous les meurtres. À Barcelone aussi, l’association Hispania Martyr recueille des témoignages et enregistre tous les meurtres depuis des décennies.
FM : Et d’autres sources ?
Javier Barraycoa : Aujourd’hui, il est possible d’accéder à de nombreuses sources historiographiques locales. Les cruautés de Companys peuvent être retracées de ville en ville. Il y a peu de temps, les archives de l’un des principaux dirigeants anarchistes ont été rendues publiques. Il s’agit de Josep Asens. Celui-ci s’était échappé à Londres à la fin de la guerre, en emmenant avec lui une bonne partie des archives des organisations anarchistes. Dans ses écrits, Josep Asens a reconnu qu’ils étaient parfaitement organisés et soutenus par la Generalitat. J’ai moi-même pu publier plus de 3 000 noms de miliciens organisés à Barcelone pour répandre la terreur. Ces données, ainsi que la liste de près de 8 500 personnes assassinées, figurent dans un livre que j’ai publié, intitulé «The (dis)controlled of Comapanys».
FM : Que devons-nous faire en mémoire des nombreuses victimes de Lluís Companys ?
Javier Barraycoa: Il est fondamental d’informer et d’informer encore. Luís Companys n’était ni un saint ni un martyr. Certes il fut lui-même passé par les armes après un procès sommaire pour sa responsabilité dans ces meurtres. Mais de nombreux catalanistes détestaient déjà Companys pour ses actions et prédisaient que sa mort ferait de lui un «martyr» et qu’il ne méritait en rien cette qualification par l’histoire. Aujourd’hui, en Espagne et dans l’autonomie catalane, il est beaucoup question de récupérer la «mémoire historique». Il est essentiel que la véritable mémoire historique soit réhabilitée. Nous le devons aux nombreuses victimes innocentes qui périrent de la folle ambition d’un sociopathe tel que Luís Companys.
Sentence de mort signée par Luís Companys
Enterrement d’habitants de la localité d’Igualada exécutés sans aucune forme de procès par les anarchistes de Companys
Apolonia Lizárraga, une none qui fut dépecée vivante dans une des Chekas de Companys et dont les parties furent données comme nourriture aux porcs
Prêtre de la localité de Mataró qui fut exécuté sans aucune forme de procès
Femme pleurant son époux venant lui aussi d’être exécuté par les anarchistes armés et institutionnalisés par Lluís Companys
Profanation d’un couvent exhibant dans la rue les sépultures des nones
Seulement dans la province de Barcelone quelques 500 églises furent détruites sur ordre de Lluís Companys
Fuente: Mediapart
Categorías:Entrevistas, Memoria histórica
Lástima que esté todo escrito en francés, porque las verdades que por aquí se presentan son realmente interesantes. Las atrocidades que autorizó el malquisto presidente Lluís Companys son tan extensas, que cualquier información siempre se queda pequeña, aún así es importante ir reflejándolas, sobre todo para que tanta atrocidad tolerada no quede nunca en el olvido.
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Explicárselo a Miguelito!!!
Company un asesino!!!!
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En pocas palabras, un criminal psicológicamente inestable.
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